
Derrière le métier de livreur chez Amazon se cachent deux réalités bien distinctes, directement liées au statut professionnel du travailleur. Ce statut influe non seulement sur le montant de la rémunération, mais aussi sur la stabilité de l’emploi, les conditions de travail et l’accès aux droits sociaux.
Les livreurs salariés via une entreprise partenaire
La majorité des livreurs Amazon ne sont pas directement employés par Amazon, mais par des sociétés de livraison partenaires, souvent des PME sous contrat avec la plateforme. Ces livreurs sont généralement recrutés en CDI ou en CDD, avec un salaire fixe, proche du SMIC, parfois légèrement au-dessus selon l’ancienneté ou les accords internes.
Ils bénéficient d’une certaine sécurité de l’emploi : congés payés, cotisations sociales, arrêt maladie, assurance en cas d’accident de travail. Cependant, cette relative sécurité s’accompagne de contraintes fortes :
- Les plannings sont souvent serrés, avec des journées longues et chargées.
- La pression sur les performances (ponctualité, nombre de livraisons, retours) est élevée.
- Les tournées sont parfois imposées, sans grande marge de négociation.
Ces livreurs restent donc dépendants d’une organisation exigeante, où l’efficacité prime sur le confort de travail.
Les livreurs indépendants via Amazon Flex
À côté des salariés, Amazon développe également un modèle basé sur des travailleurs indépendants, via le programme Amazon Flex. Ces livreurs ont le statut d’autoentrepreneur : ils sont leur propre employeur, acceptent des créneaux de livraison selon leurs disponibilités, et sont rémunérés à la mission.
En théorie, ce système offre plus de souplesse. Certains créneaux peuvent être rémunérés jusqu’à 20 €/h. Mais cette rémunération est brute, et plusieurs éléments viennent en diminuer fortement le revenu net réel :
- Le livreur doit financer son propre véhicule, l’essence, l’entretien, et souscrire à une assurance professionnelle.
- Il ne bénéficie pas de congés payés, d’assurance maladie, ni de droits au chômage.
- En cas de baisse d’activité ou de refus de missions, aucun revenu n’est garanti.
Le statut d’indépendant s’accompagne donc d’une grande précarité. De nombreux livreurs soulignent que, après déduction des frais réels, le taux horaire peut chuter en dessous de 10 €/h. De plus, la régularité des missions dépend des besoins de la plateforme, sans contrat ni engagement réciproque.