TelegramDB : qu’est-ce que c’est et comment ça marche ?

TelegramDB : qu’est-ce que c’est et comment ça marche ?

Depuis le début de l’année, un nom intrigue et inquiète sur le web : TelegramDB. Cette mystérieuse base de données, accessible via des forums du darknet ou certaines plateformes douteuses, contiendrait des millions d’informations personnelles d’utilisateurs du service de messagerie Telegram.

Numéros de téléphone, identifiants, pseudos, parfois même des fragments de conversations — autant de données potentiellement utilisées à des fins malveillantes. Mais que cache réellement TelegramDB ? Est-ce un piratage massif, un outil d’espionnage ou une simple compilation d’informations publiques ?

TelegramDB : une fuite de données massive ou une arnaque habile ?

Contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, TelegramDB n’est pas un service officiel de Telegram. Il s’agit d’une base de données non autorisée, mise en vente sur des espaces clandestins, qui prétend regrouper les profils d’utilisateurs de la messagerie chiffrée.

Son mode de fonctionnement repose sur un concept simple : exploiter les numéros de téléphone associés aux comptes Telegram pour créer des correspondances avec les pseudos publics. En clair, si un utilisateur a lié son numéro à son profil, un individu malveillant peut théoriquement le retrouver dans la base.

Selon plusieurs rapports de cybersécurité publiés entre 2023 et 2024, TelegramDB contiendrait plus de 15 millions d’enregistrements, collectés par différents moyens :

  • Scraping d’annuaires publics de Telegram, c’est-à-dire extraction automatisée de données visibles.
  • Exploitation de failles d’API non sécurisées par le passé.
  • Reventes croisées d’anciennes bases déjà compromises lors d’autres fuites (par exemple celles de WhatsApp ou Facebook).

🧠 En réalité, une large part de ces informations n’ont pas forcément été piratées depuis Telegram lui-même ; elles proviennent souvent de compilations entre plusieurs sources publiques ou semi-publiques.

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Pourquoi TelegramDB fait autant parler d’elle ?

La plateforme Telegram s’est construite sur une image de confidentialité et d’anonymat. Avec plus de 900 millions d’utilisateurs actifs en 2025, le service attire autant les militants politiques que les entreprises, les journalistes ou… les cybercriminels.

C’est justement cette réputation de sécurité qui rend la rumeur autour de TelegramDB si inquiétante. Les internautes redoutent qu’un tel outil permette :

  • de dévoiler l’identité réelle d’un utilisateur pseudonyme ;
  • d’associer des numéros de téléphone à des conversations ;
  • ou encore d’exposer des groupes privés à des intrusions ciblées.

Certaines offres trouvées sur le darknet proposaient même des abonnements mensuels donnant accès à la recherche inversée : en saisissant un numéro de téléphone, l’acheteur obtenait les pseudonymes correspondants sur Telegram.

Selon une enquête menée par Cybernews fin 2024, ces services revendiquent des taux de correspondance allant jusqu’à 40 %, mais la plupart reposent sur des données incomplètes, souvent obsolètes ou inventées pour appâter les acheteurs.

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TelegramDB ne vient pas de Telegram

Telegram lui-même a réagi à plusieurs reprises pour affirmer qu’aucune brèche interne n’a été détectée. L’entreprise souligne que son protocole MTProto, utilisé pour chiffrer les échanges, n’a pas été compromis.

Les données de TelegramDB proviendraient donc de collectes externes. Voici comment ce type d’opération peut se produire :

  1. Des bots automatisés rejoignent des groupes publics et enregistrent les numéros associés aux profils visibles.
  2. Des scripts de scraping analysent les métadonnées, comme les pseudos ou les photos de profil, pour créer des associations.
  3. Les résultats sont ensuite rassemblés et revendus sous forme de “base de données exclusive”.

Autrement dit, TelegramDB agit davantage comme un agrégateur illégal que comme un système de piratage pur. Il n’exploite pas une faille du chiffrement mais profite de la mauvaise configuration des paramètres de confidentialité chez certains utilisateurs.

Les données concernées : à quoi les utilisateurs doivent-ils s’attendre ?

Les échantillons circulant en ligne montrent principalement :

  • des numéros de téléphone ;
  • des pseudos ou identifiants Telegram ;
  • parfois des liens de profils publics ;
  • et plus rarement des informations issues d’autres réseaux sociaux (via recoupements).

Dans la majorité des cas, il n’existe aucune trace de messages ou fichiers privés. Cela s’explique par le mode de chiffrement de Telegram : les conversations dites “secrètes” sont stockées uniquement sur les appareils et ne peuvent être extraites sans accès direct au téléphone.

Toutefois, la corrélation entre un numéro et un pseudonyme peut déjà suffire à compromettre l’anonymat d’un utilisateur. Des journalistes d’investigation ou des lanceurs d’alerte pourraient ainsi être identifiés si leurs paramètres de confidentialité sont mal réglés.

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Comment se protéger contre l’exploitation de TelegramDB ?

Même si le danger principal réside dans la divulgation de données publiques, quelques gestes simples permettent de réduire drastiquement le risque d’exposition :

  1. Masquer son numéro de téléphone dans les paramètres de Telegram (“Personne” au lieu de “Mes contacts”).
  2. Désactiver la recherche par numéro pour empêcher qu’un inconnu vous retrouve.
  3. Limiter la visibilité du profil et éviter d’utiliser la même photo que sur d’autres réseaux.
  4. Activer la double authentification pour bloquer toute tentative de connexion externe.

Selon une étude du CERT-FR publiée en 2024, plus de 70 % des utilisateurs de messageries sécurisées n’ont jamais modifié leurs paramètres de confidentialité après l’installation initiale. Or, ce simple ajustement suffirait à éviter la plupart des collectes automatiques comme celles exploitées par TelegramDB.

Chris Sabian

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