
Lorsqu’un email frauduleux arrive dans votre boîte de réception, la première réaction doit être la prudence. Un simple clic sur un lien piégé peut suffire à déclencher un vol de données, une infection virale ou un détournement de compte bancaire. En France, selon Cybermalveillance.gouv.fr, les courriels malveillants représentent la première porte d’entrée des attaques numériques, devant les failles logicielles ou les mots de passe faibles.
Ce type de menace est devenu extrêmement courant : plus de 85 % des entreprises françaises ont été ciblées par au moins une tentative de phishing en 2023, et près de 4 foyers sur 10 ont reçu un message frauduleux visant à soutirer des données sensibles.
Signes qui permettent de repérer un email frauduleux
Un message frauduleux vise à se faire passer pour une communication officielle. Pour tromper la vigilance de l’utilisateur, il reproduit les codes graphiques, le ton et parfois même le logo d’une institution connue. Pourtant, plusieurs anomalies récurrentes permettent de repérer une tentative de phishing.
Le premier indice se cache souvent dans l’adresse de l’expéditeur. Elle peut contenir un nom proche d’un service connu, mais légèrement modifié. Par exemple, un faux courriel provenant de « ameli-gouv.fr » au lieu de « ameli.fr » est un classique. Cette modification subtile joue sur la rapidité de lecture des utilisateurs qui ne vérifient pas chaque caractère.
Autre signe révélateur : la qualité rédactionnelle. Les pirates utilisent fréquemment des services automatiques de traduction, ce qui génère des textes avec des tournures étranges, des mots inadaptés ou des fautes d’orthographe flagrantes. Ces maladresses linguistiques constituent un signal d’alerte fiable, surtout lorsqu’elles sont présentes dans un message censé venir d’un organisme officiel.
La stratégie du stress et de l’urgence est également courante. Le contenu évoque un « compte bloqué », un « paiement refusé », ou encore une « livraison suspendue ». Ce ton anxiogène pousse l’utilisateur à agir vite, sans prendre le temps de réfléchir ou de vérifier la légitimité du message. Proofpoint a publié en mars 2024 une étude révélant que 64 % des campagnes de phishing en France reposent sur un prétexte lié à la sécurité des comptes ou à un service client.
Enfin, les liens contenus dans le message mènent souvent vers des pages web qui copient l’apparence d’un site connu. Le faux site demande ensuite à l’utilisateur de saisir des identifiants ou des données bancaires. Le piège se referme à ce moment-là. Pour éviter cela, il est conseillé de ne jamais cliquer directement sur un lien intégré dans un courriel, mais de se rendre manuellement sur le site concerné.
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Actions immédiates pour se protéger en cas de réception d’un mail suspect
Lorsqu’un courriel frauduleux est détecté, chaque seconde compte. Plus vite la menace est neutralisée, plus le risque de vol d’informations diminue. Il ne faut surtout pas tenter de « jouer avec le feu » en ouvrant le mail pour le lire en détail ou en répondant à l’expéditeur.
La première action à adopter est de ne pas interagir avec le contenu. Cela signifie qu’il ne faut ni répondre, ni cliquer, ni ouvrir de fichier. Même si le fichier joint semble être une simple facture ou un document administratif, il peut contenir un programme espion ou un rançongiciel.
Le message doit ensuite être signalé comme indésirable via l’interface de votre messagerie. Cette action a une double utilité : elle renforce le filtrage automatique de votre boîte mail et participe à la détection collective des menaces.
La démarche suivante consiste à transférer le mail suspect à phishing@signal-spam.fr, l’adresse officielle mise en place par les autorités françaises pour centraliser les signalements. Cette base de données permet de recenser les nouvelles vagues de phishing et d’alerter les services publics, entreprises et fournisseurs de messagerie.
Selon l’ANSSI, la remontée rapide de ces messages permet parfois de neutraliser une campagne de phishing en moins de 48 heures. Ce réflexe individuel a donc un effet collectif très concret. En entreprise, il est même recommandé de notifier le service informatique immédiatement, surtout si l’email a été ouvert depuis un terminal professionnel.
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Que faire si vous avez déjà cliqué sur un lien frauduleux ?
Si l’utilisateur a cliqué sur un lien frauduleux, il ne faut pas céder à la panique, mais agir sans délai. Ce type de situation est malheureusement fréquent. Selon la Fédération bancaire française, les fraudes liées au phishing ont représenté 43 % des cas signalés en 2023, pour un montant moyen de 3 000 euros de préjudice par victime. Dans la majorité des cas, les attaques sont stoppées dans les premières heures si les mesures correctives sont mises en œuvre immédiatement.
La première étape consiste à changer tous les mots de passe liés aux services concernés. Il faut commencer par l’adresse mail utilisée, puis poursuivre avec les plateformes sensibles : services bancaires, réseaux sociaux, impôts, santé, etc. Il est impératif que chaque mot de passe soit différent et suffisamment complexe, combinant majuscules, minuscules, chiffres et caractères spéciaux.
Il est également essentiel d’activer la double authentification sur les comptes qui le permettent. Ce mécanisme envoie un code unique sur votre téléphone ou par une autre voie, empêchant un accès même en cas de mot de passe compromis.
Ensuite, il faut procéder à un scan complet de l’appareil utilisé (ordinateur, smartphone ou tablette) à l’aide d’un logiciel de sécurité reconnu, comme Malwarebytes ou Kaspersky. Cela permet de détecter d’éventuelles infections silencieuses installées à l’insu de l’utilisateur.
Enfin, si des informations bancaires ont été saisies (numéro de carte, identifiants de compte, code confidentiel), il est crucial de contacter immédiatement sa banque. Certaines institutions proposent un blocage temporaire, une opposition immédiate de la carte, ou un changement des identifiants d’accès.
Ne pas agir dans les deux premières heures peut laisser le champ libre aux pirates. Le temps de réaction reste donc un facteur déterminant dans la sécurisation des données et la limitation des conséquences.
Les marques les plus souvent usurpées dans les emails frauduleux
L’efficacité d’un message de phishing repose sur la confiance visuelle et psychologique que l’utilisateur accorde à l’expéditeur supposé. C’est pourquoi les cybercriminels s’appuient souvent sur l’image de marques connues pour construire leurs messages frauduleux.
En France, les escrocs usurpent régulièrement des entités publiques et des services grand public. Les messages semblent ainsi provenir de l’Assurance Maladie (Ameli.fr) pour annoncer un remboursement fictif, ou encore de La Poste, avec de faux avis de livraison ou des paiements douaniers imaginaires.
Des organismes comme les impôts (impots.gouv.fr) ou la CAF sont également ciblés. Le prétexte utilisé joue souvent sur la peur administrative : déclaration erronée, retard de dossier, paiement manquant…
Les banques ne sont pas épargnées. Des fausses alertes de sécurité circulent en masse, censées émaner de la BNP, du Crédit Agricole ou de la Société Générale. Ces courriels incitent à cliquer pour « valider une opération » ou « désactiver une tentative de connexion ».
Enfin, les opérateurs télécoms (comme Orange ou SFR) sont fréquemment détournés pour simuler une réduction tarifaire, un changement de forfait ou une facture à régulariser.